Après un post inaugural, place au début d’une série d’interviews sur l’éco-conception de produits à destination des sportifs. Nous donnerons la parole à des spécialistes et des fabricants pour vous donner des informations précises qui vous aideront dans vos choix de consommateurs éclairés.

Aujourd’hui, rencontre et entretien avec la fondatrice de MeroMero qui entend mettre la simplicité et l’ingéniosité au service de l’environnement

Hélène nous reçoit dans un petit bureau situé dans le Base Camp de l’OSV, aux Glaisins. Sur les étagères et aux murs, les sacs et les accessoires qu’elle a conçus, de A à Z. Un petit espace bien rempli, à l’image de cette jeune marque simple et authentique qui fourmille d’idées et d’envies. Aux côtés d’Hélène, « qui cherche l’émulation, à s’entourer », une nouvelle stagiaire. En face, un poste de travail qui attend un nouvel associé. « J’ai une piste très sérieuse » glisse-t-elle avec le sourire.

Hélène a la conception et le développement produit chevillés au corps. Elle y ajoute une forte préoccupation pour l’impact environnemental. Après 6 ans passés chez Patagonia au service marketing, elle refuse une mutation à Amsterdam et reprend ses études. Elle obtient le Bachelor Performance Sports Textile & Footwear (PSTF) développé par l’OSV en partenariat avec l’IUT d’Annecy et passe rapidement à la phase professionnelle en concrétisant une idée développée lors d’un projet de groupe.

Quand la polyvalence renforce la durabilité du produit

Hélène est une jeune maman et son premier produit « répond aux besoins des parents actifs. » C’est un sac à langer qui correspond aux 3 axes de MeroMero : « Ingénieux, design et durable. » Pour l’ingéniosité, elle mise sur le côté polyvalent de ses créations. « Qui irait se balader avec un sac à langer » lance-t-elle ? On connaît la réponse… C’est pourquoi le sac besace MeroMero est avant tout esthétique et pratique, conçu pour l’usage quotidien. Son plus ? Il peut se transformer, si l’occasion se présente, en sac à langer. Subtile différence, qui rejoint la durabilité du produit. Une fois l’utilité du sac à langer évacuée, le sac servira encore. Mieux, « le matelas à langer deviendra une housse d’ordinateur. »

Mais les préoccupations « durables » de MeroMero (Mero signifie Pur / authentique / simple en Italien et en Espagnol, le père d’Hélène étant italien, ndlr) ne s’arrêtent pas là. Elles s’affirment dans les moindres détails (hébergement web dans un « green centre », carte de visites en papier recyclé, choix sélectif des revendeurs), et dans les orientations qui président à l’ensemble de la conception des produits. « Cela est un vrai casse-tête parfois, en particulier lorsque l’on est une petite marque, mais c’est très stimulant de chercher les meilleures solutions » analyse Hélène.

 

Où fabriquer ? La réponse n’est pas si évidente…

MeroMero s’est d’abord penché sur les lieux de production de ses produits. Si le Made in Europe est séduisant sur le papier, il peut poser des problèmes de coût, en particulier si la production est technique et modeste en volume. « J’avais des marges très faibles en produisant en Europe, pour maîtriser le prix de vente de mes produits. Cela a failli couler la marque. » Hélène croise alors la route de PRISM (qui fabrique des sacs à dos modulables techniques) et embarque pour le Vietnam, qui a une expertise pour les sacs techniques, afin de chercher la meilleure usine pour la fabrication et nouer une relation de confiance avec ses sous-traitants (elle s’y rend une fois par an). « Il est important de définir ce qu’est l’éco-responsabilité : c’est une vision globale du processus de production, de l’utilité même du produit lors de la phase de conception au sourcing des matières premières ou au recyclage de fin de vie en passant par la maîtrise de la chaîne logistique. »

Quelles matières premières pour un sac éco-conçu ?

Pour les matières premières, MeroMero mise sur une base en Cordura, pour sa durabilité, du coton waxé, du nylon recyclé et un cuir au tannage végétal. A l’avenir, la marque compte se reposer de plus en plus sur le label Bluesign (qui va au-delà de la réglementation REACH sur l’usage de produits chimiques dans les teintures par exemple). Pour le transport, « je mise sur le bateau car cela reste moins polluant que l’avion ou même que la route depuis la Slovaquie, où je produisais mes premiers sacs. Pour le rail, il n’y a pas assez de demande pour l’instant. Toutefois, je pense récupérer les cargaisons à Fos-sur-Mer puis les faire venir en train depuis là, jusqu’aux entrepôts situés en Haute-Savoie, à une encablure du bureau. »

Complexe, mais c’est en poussant l’industrie dans son ensemble vers les meilleures pratiques qu’un changement systémique pourra advenir.

En 3 questions, Hélène fait le point sur sa conception de l’éco-responsabilité, qu’elle préfère nommer « transparence » et sur les défis qui l’attendent encore. Interview.