Des appellations en pagaille
« Fabriqué en France », « Designé en France », « Conçu en France », « Origine France Garantie »… comment s’y retrouver parmi les différentes mentions et labels valorisant l’origine et comment comprendre ce qui provient réellement de France ?
Made Nature fait le point et vous aide à lever les ambiguïtés liées à ces appellations.
Le « Made in France » est à la fois une terminologie et un concept très porteur : en effet 74% des Français se déclarent prêts à payer plus cher pour acheter français (sondage IFOP pour Pro France, septembre 2017).
Et plus de 90% des Français estiment qu’acheter français est une manière de soutenir les emplois en France et de préserver nos savoir-faire (même sondage).
Bref, le « made in France », est un critère de choix important pour nombre d’entre nous.
Un produit « made in France » n’est pas forcément 100% français !
Certaines entreprises l’ont bien compris, elles qui font fleurir, afin de profiter de cette tendance et d’accélérer leurs ventes, les mentions « fabriqué en France » sur d’innombrables produits de consommation, sans que l’on sache bien toutefois ce qui est vraiment d’origine française : la recherche et le développement, la conception, les matières premières, la fabrication…, une, plusieurs ou l’ensemble de ces étapes ?
L’étiquette bleu-blanc-rouge
Le consommateur, attiré par une étiquette bleu-blanc-rouge, ou par des codes visuels rappelant les symboles de la France, pense acheter un produit 100% français… mais c’est loin d’être toujours le cas.
Ainsi un produit « made in France » n’est forcément A LA FOIS conçu en France à partir de matériaux français et entièrement fabriqué en France.
Et une entreprise qui appose une étiquette « made in France » sur l’un de ses produits, ou sur l’une de ses gammes de produits, ne propose pas forcément la totalité de ses produits en « made in France ».
« Conçu en France » n’est pas synonyme de fabriqué en France.
« Confection française » ne veut pas dire que toutes les étapes de la fabrication d’un vêtement (et elles sont nombreuses !) sont effectivement réalisées en France.
Au regard des statistiques mentionnées plus haut, le frenchwashing est une stratégie payante, qui attire le plus grand nombre, bien que peu recommandable de part des amalgames et des raccourcis trompeurs !
Alors, comment s’y retrouver ?
Un marquage de l’origine non-obligatoire
La première chose importante à savoir est que, pour les produits non alimentaires, donc pour nos équipements sportifs textiles par exemple, le marquage de l’origine n’est pas obligatoire en Europe.
Ce caractère facultatif n’autorise cependant pas à tromper le consommateur : dès lors qu’une entreprise décide d’informer de l’origine (articles L121-2 et L441-1 du Code de la Consommation et de la Commercialisation), elle se doit de suivre des règles.
La déclaration de marquage d’origine est en effet strictement encadrée par les règles d’origine non préférentielle appliquées à l’importation, par la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) et par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), sur le marché intérieur lors de la commercialisation.
La notion de dernière transformation substantielle
La deuxième chose importante à savoir est comment établir la « nationalité » d’un produit quand plusieurs pays interviennent dans son élaboration (matières premières, différentes étapes de fabrication) ?
Pour résumer, la nationalité du produit est celle du pays où il a subi sa dernière « transformation substantielle ».
Et à chaque catégorie de produit correspond une liste de transformations substantielles, comme par exemple une transformation spécifique du produit, un changement de tarif douanier du produit, ou la combinaison de ces critères.
Au vu de la complexité de certains procédés industriels, cette attribution d’origine non préférentielle peut parfois prendre des allures de parcours du combattant.
On comprend donc ainsi que la conception d’un produit, son design, ne sont a priori pas des critères validant une origine France.
2 exemples pour bien comprendre
Voici quelques exemples précis d’attribution ou pas de l’origine France à des équipements sportifs :
- Un tee-shirt de yoga en coton : le tee-shirt est dessiné en France ; le coton provient d’Inde, le fil est fabriqué en Inde, il est tricoté et teint en Inde et les pièces pour fabriquer le tee-shirt sont coupées en Inde. Ensuite l’assemblage du tee-shirt est réalisé en France, ainsi que l’emballage. Ce produit peut prétendre à l’origine France grâce aux opérations post-coupe réalisées en France.
- Un pantalon de randonnée : le pantalon est dessiné en France ; le tissu en polyamide est français (fils, tissage et teinture français), mais le tissu en envoyé en Tunisie pour la coupe, l’assemblage et l’emballage.
Ce produit ne peut pas prétendre à une origine France, son origine sera « made in Tunisie ».
Pour résumer, un vêtement cousu et emballé en France peut prétendre au « made in France », même si sa matière n’est pas française.
Pour savoir exactement ce qui provient de France (comme les matériaux par exemple), il faut se renseigner sur les sites internet des marques.
Labellisations et certifications : ne pas les confondre avec l’origine
Parallèlement au marquage de l’origine se sont développées des démarches de labellisations et de certifications, qui permettent de valoriser et de donner plus de visibilité aux efforts fournis par certains industriels pour fabriquer en France, mettre en valeur des outils de production et des savoir-faire anciens français, utiliser des composants français.
Il ne faut pas confondre ici origine française, comme expliqué plus haut, et label.
Ces labels sont souvent le fruit d’associations (mais pas que) qui vendent (au propre comme au figuré, selon les cas) le droit d’apposer une mention reconnaissable sur les produits respectant une certaine charte.
Les labels les plus sélectifs ont un cahier des charges très précis et font l’objet de contrôles réguliers, afin de garantir leur sérieux et leur légitimité.
Les critères qui reviennent le plus souvent reposent sur le nombre des opérations réalisées en France ainsi que sur la part du coût de revient (ou de la valeur ajoutée) acquises en France. Ils nécessitent donc une certaine expertise métier.
Pour les consommateurs et/ou les futurs créateurs de marque dont la curiosité a été attisée par cet article, n’hésitez pas à consulter le site du gouvernement pour les entreprises : www.entreprises.gouv.fr.
Les notions abordées ici y sont développées et l’on retrouve les principaux labels (produits non alimentaires) existant en France.
Citons pour l’exemple textile les labels « Entreprise du Patrimoine Vivant », qui distingue les savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence (pour le tissage notamment), le label « Origine France Garantie », le label « France Terre Textile ».
Made Nature ne peut que vous conseiller d’ouvrir l’œil, quel que soit le logo ou la mention apposée sur l’équipement sportif que vous vous apprêtez à acquérir, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un prix barré.
Soyez curieux et attentif !
Les équipements de sport sont en général complexes et le « made in France » n’est qu’un critère de choix écoresponsable parmi d’autres.
Pour plus d’informations sur les critères d’écoresponsabilité des vêtements de sport, consultez le livre blanc Choisir son vêtement de sport écoresponsable